Monnaie et crédit

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III- La monnaie, instrument de politique économique

L’ensemble des actions des autorités monétaires pour influer sur l’évolution de la masse monétaire constitue ce qu’on appelle la politique monétaire. Son objectif premier est de lutter contre l’inflation. Sa réussite suppose un contrôle de la masse monétaire donc de la création de la monnaie. Cependant une politique monétaire influe également sur l’emploi et la production. Une politique restrictive ralentit la hausse des prix et crée du chômage, une politique expansive stimule la croissance économique mais génère de l’inflation.

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A –  Les approches théoriques

Les auteurs classiques et néo-classiques antérieurs à Keynes sont partisans de la thèse selon laquelle les grandeurs réelles de l’économie (production, volume de l’emploi, prix) sont totalement indépendantes du secteur monétaire. Elles se contentent d’expliquer les grandeurs nominales (valeur de la production, prix monétaires etc…). Pour ces auteurs, la monnaie est neutre. Elle n’est selon J.B SAY « qu’un voile posé
sur l’économie » et ne fait que faciliter les échanges sans modifier quoi que ce soit.Cette approche débouche sur la théorie quantitative de la monnaie, à savoir qu’ajouter de la monnaie ne modifie en rien l’activité économique réelle. Cela va simplement affecter les grandeurs nominales. Pour les quantitativistes, l’inflation est donc d’origine monétaire.

Keynes quant à lui a une approche plus intégrée. Sa théorie octroie un rôle déterminant à la monnaie dans le fonctionnement de l’économie. Pour Keynes c’est la monnaie créée par les banques qui financent la production.. Il n’y a donc pas de production sans monnaie et parler de production réelle est un non-sens ! La production est monétaire. Dans cette approche la confrontation de l’offre et de la demande de monnaie fixe le taux d’intérêt (prix de la monnaie). Le taux d’intérêt, combiné à l’efficacité marginale du capital – c’est-à-dire la rentabilité du capital – va déterminer le niveau de l’investissement. Par conséquent la monnaie doit être abondante pour faire baisser les taux d’intérêt de manière à permettre l’investissement. Investissement et demande globale sont alors les deux variables d’un équilibre macro-économique.

L’analyse monétariste (Karl Brunner, Milton Friedman) repose sur une stabilité de la fonction de demande de monnaie. Toute création excessive de celle-ci va déséquilibrer la composition du patrimoine des agents. Ils détiendront trop de monnaie par rapport à d’autres valeurs. Les agents vont donc vouloir compenser ce déséquilibre en « déversant » sur le marché le trop plein de monnaie et en remplaçant celle-ci par des biens, des services ou des titres. Si dans un premier temps cette attitude peut avoir un effet bénéfique sur l’économie, à terme elle provoquera de l’inflation par inélasticité de la production. Friedman renoue ainsi avec la théorie quantitative des auteurs classiques et condamne le pouvoir de « nuisance » des banquiers.

La thèse la plus récente est celle de la Nouvelle Economie Classique.
Elle adopte l’hypothèse des anticipations rationnelles. Brièvement résumée, cette théorie se base sur un comportement avisé, éclairé et réfléchi des agents. Ceux-ci sont capables d’anticiper les effets de la politique menée par les gouvernants en se basant sur leurs expériences passées. Les agents savent qu’une création monétaire excessive provoquera l’inflation, ils vont donc intégrer cette variable dans leurs calculs économiques. Augmentation des prix et revendications salariales apparaîtront avant même les effets d’une politique monétaire. Celle-ci est donc inutile car inefficace.

Ce résultat est connu sous le nom de théorème d’inefficacité de la politique économique.

B – Les instruments de la politique monétaire

Les autorités monétaires peuvent chercher à limiter la quantité de monnaie créer par les banques. Elles disposent pour cela de moyens d’actions. L’encadrement du crédit, l’intervention sur le marché monétaire.

1 –  l’encadrement du crédit est une mesure réglementaire qui s’impose aux banques

Celles -ci ne peuvent dépasser un certain plafond de crédit qui leur est imposé. En cas de non-respect, les banques sont sanctionnées. La limitation des crédits aux agents économiques provoquera alors un ralentissement de la création monétaire.Cette mesure longtemps utilisée en France a été supprimée en 1987.

2 – Refinancement et réserves obligatoires constituent un autre outil

Les banques doivent détenir suffisamment de monnaie Banque Centrale (billets par exemple) pour faire face à une demande d’un client. Pour répondre à cette demande, la banque de second rang peut s’adresser à la Banque Centrale qui lui ouvrira un crédit en échange de créances que
la banque commerciale détient sur des clients. C’est le refinancement appelé aussi réescompte. Cette opération donnera lieu au prélèvement d’une commission par la Banque Centrale.
En réévaluant le montant de cette commission on dissuade les banques commerciales de recourir à ce procédé et on limite ainsi les crédits.

L’autre outil est la réserve obligatoire. C’est des dépôts obligatoires et non rémunérés que chaque banque doit effectuer sur un compte à la Banque Centrale. L’augmentation du montant de la réserve obligatoire a pour effet de diminuer la masse monétaire en circulation.

3 – l’intervention sur le marché monétaire

Quotidiennement, l’ensemble des banques se retrouve sur le marché monétaire pour s’échanger leurs besoins et leurs déficits de monnaie Banque centrale. La Banque Centrale est aussi un acteur de ce marché et elle peut à ce titre influer et orienter le marché. Si les autorités cherchent à faire baisser les taux d’intérêt, la Banque centrale va mettre sur le marché une grande quantité de monnaie. Si l’objectif est d’augemnter les taux d’intérêt, inversement la banque centrale va « acheter » de la monnaie.
Un marché monétaire qui n’oblige pas l’intervention régulière et quotidienne de la Banque centrale est appelé open-market.

Maximin Assoune

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