Les politiques d’innovation – l’approche technologique

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A- La nouvelle alliance productivité / flexibilité

Classiquement, l’entrepreneur doit opter pour un objectif de productivité liée à une production en série homogène, ou pour un objectif de souplesse permettant de répondre aux besoins précis de la clientèle.

Si bien qu’en période de saturation de la demande, les entreprises se trouvent face à deux contraintes contradictoires : pour préserver ou accroître leur part de marché, elles cherchent à adapter leurs produits aux désirs esthétiques ou techniques particuliers à certains clients mais cette recherche est antinomique avec les principes de la production de masse qui privilégie les séries longues.Le conflit entre ces deux contraintes, adaptation à la demande et séries longues, commence à être partiellement résolu avec les techniques issues de l’électronique.
microproUn microprocesseur, par exemple, peut remplacer, pour un prix moindre et avec plus de fiabilité, les commandes mécaniques traditionnelles. Il peut être raccordé à un ordinateur qui le commande en temps réel. Le développement récent de l’électronique permet ainsi une automatisation intelligente en fonction des besoins.

En concevant l’ensemble de l’unité de production comme un système organisé d’automates, on aboutit à un atelier plus ou moins flexibles, une usine ayant une certaine souplesse d’adaptation comparable à celle de l’homme.

En quelques heures, voire en quelques minutes, la forme, la matière, la couleur, ou tout autre caractéristique du produit fabriqué dans un atelier flexible peuvent être modifiées, sans nuire à la productivité de l’atelier.Les technologies de l’information se trouvent ainsi au cœur d’un double mouvement concernant le processus de production et le produit. Non seulement elles engendrent de nouveaux produits très spécifiques mais elles facilitent une organisation productive capable de fabriquer une variété de produits dans des conditions optimales d’efficacité technique, sans nuire à la productivité dans son ensemble.

En d’autres termes, les économies d’échelle ne semblent plus incompatibles avec l’existence de séries courtes engendrées par une différenciation poussée des produits. Dans le contexte d’un atelier flexible très informatisé, on peut même concevoir une production à la demande ayant une productivité comparable à une production en série. La suppression de l’antagonisme classique productivité et souplesse de l’offre ouvre de nouvelles perspectives à l’activité productive, combinant gains de productivité et segmentation fine des marchés.

B – Innovation de produits et innovation de procédés

Traditionnellement, les auteurs différencient innovation de produits et innovation de procédés en leur affectant un but économique différent – l’amélioration de la productivité est obtenue par une innovation de procédé et l’élargissement des biens offerts sur le marché correspond à une innovation de produits.

Avec les nouvelles technologies, non seulement la différence entre ces deux types d’innovations s’estompe mais des interactions, des inductions réciproques apparaissent. La mécanique en fournit une illustration simple : les microprocesseurs introduits dans les machines-outils ont modifié leurs performances, leur fiabilité.

Cette innovation dans un procédé a permis de fabriquer des outils aux caractéristiques nouvelles, donc a induit des innovations de produits.Réciproquement, pour fabriquer de nouveaux produits, élaborés sur le papier, il faut mettre au point des machines capables de les produire.

C’est donc une source d’innovation de procédé. L’exemple le plus flagrant de cette osmose entre innovation de produits et innovation de procédé peut-être donnée par l’image symbolique « des ordinateurs contrôlant la fabrication d’autres ordinateurs ».

C – La fonctionnalisation de la production

Une autre transformation due aux mutations technologiques est le passage progressif d’une « économie du produit » à une « économie de la fonction », c’est-à-dire l’incorporation de plus en plus massive de services dans le produit.

Par exemple, dans l’industrie chimique, le producteur organise un département commercial non seulement pour promouvoir ses produits mais aussi pour conseiller les clients dans leurs autres utilisations possibles, pour leur donner des idées d’applications nouvelles.

L’information peut d’ailleurs remonter du département commercial à celui de la production ou même de la recherche, afin de profiter de toute perspective pour des nouveaux débouchés. On débouche donc sur une « chimie fonctionnelle » qui consiste à produire non pas un produit mais un ensemble susceptible de répondre à une fonction globale, aux problèmes du client sous tous ces aspects.

Autre exemple : les solutions E. business proposé par de nombreuses sociétés de services en ingénierie informatique.La fonctionnalisation est donc une approche des problèmes de production visant à délimiter toutes les fonctions générales que doit remplir un produit.D’une manière générale, cette « fonctionnalisation » de l’offre va progressivement conduire toutes les entreprises à définir et à construire leur offre comme une offre de services. Il est clair que cette nouvelle problématique n’est pas sans influencer la manière dont l’entreprise envisage les stratégies et la gestion de l’innovation.
En effet, la technologie devient un des fondements essentiels de la compétitivité ; c’est pourquoi elle représente pour l’entreprise un axe primordial de sa stratégie.

Les analyses financières et mercatiques ne suffisent plus à la firme pour définir sa stratégie.Le couple produit/marché qui a longtemps servi de clé d’analyse pour définir les axes stratégiques doit être complété par une composante technologique.

Aujourd’hui, c’est plutôt le vecteur Technologie/Produit/Marché qui doit permettre d’appréhender la structure des marchés et les stratégies des firmes présentes sur ce marché.La prévision technologique constitue un exercice désormais obligatoire pour définir les stratégies.

D – l’accélération du processus « invention > innovation »

Une dernière spécificité de la révolution industrielle actuelle réside dans la réduction du délai entre la découverte scientifique et son application industrielle.Il a fallu 100 ans pour que le phénomène physique de la photographie soit utilisable dans un appareil, 56 ans pour mettre au point le téléphone, 35 ans pour la radio, 14 ans pour le radar, cinq ans pour le transistor.

Certaines compagnies estiment que la moitié des produits qu’elles commercialiseront dans 3 ans n’existe pas encore.Cette révolution globale est très importante. L’impact des technologies de la troisième révolution industrielle est très global. Par ailleurs, la sphère de diffusion des nouvelles technologies concerne tous les aspects de la vie sociale : télécommunications, jeux électroniques, Internet, etc. 

III – La gestion des brevets 

  Toute invention doit être protégée. Pour l’entreprise, il importe en effet qu’elle ne tombe pas dans le domaine public ce qui rendrait ainsi stériles les années d’investissements intellectuels et financiers souvent nécessaires à la mise au point d’une invention.


Les brevets d’invention sont des titres délivrés par un office des brevets régional ou national  (l’Institut National de la Propriété Industrielle – INPI) qui confèrent à leur titulaire un monopole exclusif d’exploitation de l’invention. La durée de protection d’un brevet est limitée (généralement 20 ans, sous réserve du paiement des frais de maintien). Les brevets sont des droits territoriaux : leur octroi et leur défense sont soumis aux lois nationales et les droits conférés peuvent varier d’un pays à l’autre. Par conséquent, il n’est pas possible de faire une demande d’enregistrement pour un brevet « mondial ».

Obtenir un brevet pour protéger une invention ou une nouvelle technologie permet, par définition, à son créateur d’empêcher des tiers de se servir, de vendre, de fabriquer ou de copier l’innovation. Il est donc clair que la technologie tombera dans le domaine public dès l’expiration du brevet.Conditions d’obtention du brevet :Pour qu’une invention soit brevetable 4 conditions doivent être réunies :

  • Elle doit être nouvelle.
  • Elle doit impliquer une activité inventive.
  • Elle doit être susceptible d’application industrielle.
  • Elle ne doit pas être contraire à l’ordre public et aux bonnes mœurs.

 Pour la 1°condition ; Une invention est considérée comme nouvelle si elle n’est pas comprise dans l’état de la techniqueL’état de la technique est constitué de tout ce qui a été rendu accessible au public avant la date de dépôt de demande de brevet.Ex : Le dépôt de brevet de la Lanoline a été contesté parce qu’une description de ce produit figurait dans « Pline l’ancien » !Exemples d’inventions très anciennes brevetées :

  • Le nylon
  • Les cartes à jouer à bords dorés et arrondis
  • La fermeture « Eclair ».
  • Le saxophone.
  • La moulinette …etc…

Pour la 2°condition; L’invention doit être le fruit d’un effort intellectuel originalEx : Le fait de placer des roulettes sous une machine à laver ne témoigne pas d’une activité inventive.

Pour la 3° condition ; L’invention doit être susceptibles d’application industrielle, c’est à dire qu’un homme de métier doit pouvoir la réaliser.Certaines inventions ne sont pas brevetables au sens de l’article 6.2 de la loi du 13 Juillet 1978 mais peuvent faire l’objet d’autres types de protection, comme le droit d’auteur ou le dépôt de dessins et modèles.Il en résulte que ne sont pas brevetables

  • Les découvertes et théories scientifiques ainsi que les méthodes mathématiques. Les créations esthétiques. Ex.: les motifs de la toile d’un parapluie peuvent être protégés par un dépôt de dessins et modèles, mais pas son système d’ouverture qui, lui, porte sur une fonction technique. Ce dernier pourra éventuellement être protégé par un brevet.
  • Les plans, principes et méthodes dans l’exercice d’activités intellectuelles, en matière de jeux ou d’activités économiques
  • Les programmes d’ordinateurs.
  • Les présentations d’informations.
  • Les obtentions végétales et les races animales

Exemple : Un crayon gomme est-il brevetable ?Si le Crayon / Gomme n’existait pas, correspondrait-il aux conditions de brevetabilité ?

  • La solution technique répond-elle à un problème technique ? Oui.
  • Est-elle susceptible d’application industrielle ? Oui, on peut fabriquer des crayons gomme.
  • Est-elle nouvelle ? On peut le supposer si son inventeur ne l’a pas divulguée avant de déposer sa demande de brevet.
  • Mais y a-t-il activité inventive ? Non, car le crayon et la gomme étaient connus à la date du dépôt. Il était alors évident, pour l’homme du métier (c’est-à-dire le fabricant de crayons), de juxtaposer un crayon et une gomme pour écrire et gommer avec le même outil.

Les brevets sont de précieux droits de monopole qui permettent à l’entreprise d’empêcher des tiers d’utiliser une technologie protégée sans son autorisation, et ce pour toute la durée de la protection.

Le fait d’adopter un programme rigoureux de contrôle du brevet et/ou du marché, permet à l’entreprise de dissuader les contrevenants éventuels et d’identifier les violations de brevet lorsqu’elles ont lieu. Certaines sociétés offrent leurs services à ce niveau. Les 20 premiers déposants français :


brevets

 

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