Les externalités

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II – La problématique des externalités

La crise urbaine peut être lue comme l’épuisement des externalités positives et la montée des externalités négatives (chômage, isolement, insécurité). Lorsque le solde algébrique entre les deux types d’externalités devient négatif (davantage d’externalités négatives que d’externalités positives) la ville devient une non ville, elle ne produit plus aucun lien social particulier. Dans le cas de l’économie de la drogue : il est très puissant, il produit des richesses marchandes ( il augmente le PIB marchand) mais les externalités négatives engendrées sont considérables ( violence, domination, santé, destruction des communautés qui généraient des ressources non marchandes)….. Ce qui est absent dans la banlieue en proie à la crise urbaine n’est pas l’Etat de police mais l’état de ville, c’est-à-dire l’Etat comme producteur ou reproducteur d’externalités positives et comme réparateur ou compensateur d’externalités.

Extrait séminaire animé par  Yann Moulier-Boutang
url: http://seminaire.samizdat.net/article.php3?id_article=43

On voit donc qu’en matière d’externalités la véritable question qui se pose est celle de savoir si le système capitaliste ( plus ou moins régulé par l’Etat et les organisations internationales) est capable de promouvoir le bien être général de la société humaine.

C’est à ce niveau que les opinions divergent :

A – Optique libérale

Dans une optique  libérale on analysera les choses de cette manière :

On considérera la définition du concept d’externalité comme beaucoup trop large  Finalement, tous les effets indirects d’une action peuvent être considérés comme des externalités !  Si un travailleur est en bonne santé ou de bonne humeur, cela aura certainement des répercussions positives sur son travail, et donc pour son employeur. Si mon garagiste n’est pas compétent et que ma voiture tombe souvent en panne, j’arriverai souvent en retard à mon travail.

Bref, à chaque action on peut affecter une externalité positive ou négative et il est impossible de les recenser toutes à l’avance. Par exemple,  l’analyse de tous les facteurs  qui peuvent avoir une influence sur la santé ou l’humeur d’un individu est tellement  vaste qu’il est impossible de les répertorier par avance.

Les ultra libéraux considèrent que tout est « externalité » à différents degrés.

Peut-on dire alors qu’il s’agit  une défaillance spécifique du marché ?  Dans une optique libérale la réponse est négative car il est dans la nature même de toute organisation humaine de comporter des imperfections ou des défaillances – l’économie de marché apparait donc comme l’organisation la moins inapte à gérer ce type de défaillances.

B – Dans une optique plus interventionniste la critique porte sur la capacité du capitalisme donc de l’économie de marché à réguler les externalités

Depuis le récent ralentissement économique, plusieurs voix se sont élevées à travers le monde pour remettre en question les mérites du capitalisme en tant que système économique et son efficacité à promouvoir le bien-être général de la société humaine.

Nombreux sont celles et ceux qui trouvent dérangeant le fait que certains haut dirigeants d’entreprises (en particulier dans le bastion du capitalisme, les Etats-Unis) se sont prétendument accordés de larges salaires alors que leur entreprise était en perte de vitesse, et ont même souvent fini en faillite. S’y est ajoutée la triste expérience de ces milliers de personnes dont le rêve de posséder leur propre maison a été détruit par un système d’hypothèques non régulé et géré par des opérateurs incompétents et sans scrupules. Nombreux sont ceux qui cherchent désormais à identifier les racines de la crise économique actuelle, qui a touché le monde entier et a laissé tant de gens vulnérables dans la précarité et le désarroi.
Ces questions sont tout à fait pertinentes et justifiées, mais, à mon avis, la manière avec laquelle la croissance économique et les politiques visant à la promouvoir ont été menées comporte une faille bien plus importante, liée à un problème beaucoup plus fondamental. Les marchés à eux seuls sont incapables de combler le fossé qui existe entre les coûts et les bénéfices privés et les coûts et les bénéfices sociaux, étant donné que le système capitaliste a été construit sur la maximisation des profits et les gains privés des propriétaires du capital. Résultat, les externalités telles que la dégradation environnementale restent inaperçus et laissés pour compte dans notre système de coûts et de prix. Le changement climatique peut être considéré comme le résultat progressif et l’effet cumulé de cette forme d’insuffisance du marché.

​Rajendra Kumar Pachauri, Président du Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat.

En bref les questions fondamentales restent posées :

A titre d’exemple :

Peut-on concilier croissance et travail décent ?

Le 24 avril 2013, l’immeuble du Rana Plazza au Bangladesh cause la mort de 1130 personnes, essentiellement des ouvrières textiles travaillant dans des ateliers qui alimentent le marché européen. Ce drame  pose le problème de la compatibilité croissance économique et travail décent ? Quel doit être le rôle des syndicats ? Quelle responsabilité pour les entreprises ? Il faut incontestablement accentuer le rôle des Etats et des institutions internationales sur ces questions.

Quelles politiques pour le secteur informel ?

Bien qu’il n’y ait pas de définition officielle, le secteur informel est représenté par « toutes les unités de production non agricoles des ménages qui produisent au moins en partie pour le marché et/ou sans comptabilité écrite ou formelle » (Razafindrakoto). Ce secteur il représente75% de l’emploi en Afrique de l’Ouest. On en mesure donc l’importance !

Comment lutter contre la pollution etc….

En bref :

Pour les économistes interventionnistes il appartient à L’Etat de corriger les imperfections du marché en provoquant une  « internalisation » des coûts liés aux externalités négatives.

  • Par exemple l’Etat peut recourir à la taxation des activités privées génératrices d’externalités négatives dans le but de corriger et restaurer le système des coûts et des prix. (exemple du principe “ pollueur = payeur ”).
  • Autre exemple : les services gratuits financés par le contribuable : l’Etat modifie l’allocation des ressources qui résulterait spontanément des mécanismes du marché. Dans ce cas la redistribution des revenus induits, crée des effets positifs envers les bénéficiaires et des effets négatifs sur les contribuables.

La difficulté principale est d’évaluer le coût du préjudice que fait supporter une externalité négative.

Lien intéressant :

http://ideas4development.org/les-satellites-outil-au-service-du-developpement/

 

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