B – Les théories suédoises
HECKSHER et OHLIN sont les théoriciens de l’inégalité des dotations en facteurs.
L’idée de départ de ces théories consiste à dire que chaque pays est doté de facteurs de production en proportion différente. Cette différence de proportion conditionne la nature des échanges entre les pays.
– En 1919, HECKSHER tente de fournir une explication à la différence des coûts relatifs pouvant exister entre les pays. Il admet que les techniques de production peuvent être facilement transférées d’un pays à l’autre (alors que Ricardo ne l’admettait pas). Partant de là, si les coûts de production sont différents entre les pays c’est en raison du fait que les prix des facteurs de production y sont différents. Chaque pays est donc amené à combiner ses facteurs de production (travail, capital, ressources naturelles) de manière différente. Par exemple, dans les pays où la main-d’œuvre est abondante le prix du travail sera faible et la production se spécialisera dans des biens incorporant une forte proportion de facteur Travail et une faible proportion de facteur Capital. Le commerce extérieur de ces pays se caractérisera donc par une spécialisation dans l’exportation de ces biens.
– En 1934, Ohlin énoncera la loi de la proportion des facteurs : « un pays tend à se spécialiser dans la production pour laquelle la combinaison de facteurs dont il dispose lui donne le maximum d’avantages où le minimum de désavantages. ».
En d’autres termes, et pour résumer :
- La production de biens différents nécessite des facteurs de production dans des proportions différentes.
- Les pays ont des dotations relatives différentes en facteurs de production.
- Chaque pays à un avantage comparatif pour les biens qui contiennent une proportion élevée du facteur dont il est abondamment doté — il exportera ces biens et importera des biens qui, au contraire, contiennent une forte proportion de facteurs dont il est faiblement doté.
Par exemple, le Canada connaît une abondance de ressources naturelles tandis que la main-d’œuvre y est le facteur rare — l’Inde est pourvue d’une main d’œuvre non qualifiée très abondante alors que le capital et le facteur rare — etc.….
Théorème d’Hecksher-Ohlin : « le commerce international tend à produire une égalisation des rémunérations de facteurs, égalisation qui ne saurait être absolue ».Cela signifie que le commerce international conduira chaque pays à se spécialiser dans la production de biens incorporant les facteurs de production abondants sur son territoire et que la rémunération des facteurs (travail, capital) tendra à s’égaliser.
Extrait : Le théorème de HOS |
Aux États-Unis, la part de main-d’œuvre qualifiée est relativement plus élevée qu’en Malaisie. L’heure de travail qualifié devrait donc y être relativement moins chère, par exemple coûter 4 fois plus qu’une heure de travail non qualifié, contre 10 fois plus en Malaisie. Les États-Unis disposeront alors d’un avantage comparatif dans les secteurs où la part du travail qualifié est relativement forte (construction aéronautique, conception de logiciels, etc.….), alors que la Malaisie devrait se spécialiser dans les industries intensives en travail non-qualifié (habillement, assemblage, etc.….). Mais ce mouvement conduit les producteurs américains à solliciter davantage la main-d’œuvre qualifiée au détriment de la main-d’œuvre non qualifiée, ce qui provoque la hausse de son prix relatif. Comme la Malaisie doit connaître l’évolution inverse, le prix des facteurs devrait converger, voire, à terme, s’égaliser. Ce théorème est néanmoins soumis à une multitude de conditions (notamment la concurrence pure et parfaite sur le marché des biens et des facteurs, etc.….) qui rendent très incertaine la réalisation effective de toutes les prédictions du théorème. Dictionnaire de l’économie, Larousse — le monde, sous la direction de P.Bezbakch et S.Gherardi -© Larousse, HER 2000 |
Certaines observations contredisent toutefois les théories classiques et leurs prolongements :
C – Les limites aux théories classiques du commerce international
Certaines observations sont en effet assez paradoxales dans la mesure où elles contredisent, où tout au moins semblent contredire les théories de Smith, Ricardo, et les théories suédoises. Une des plus célèbres concerne l’analyse du commerce extérieur américain — plus connue sous le nom de « paradoxe de Leontief ».
1 — le paradoxe de Leontief
En 1954, un économiste américain, Leontief entreprit de vérifier empiriquement la nature du commerce extérieur américain.
L’opinion admise était la suivante : — aux USA, le capital est le facteur abondant et la main-d’œuvre et le facteur rare par rapport au reste du monde. En toute logique, les USA devaient donc exporter des biens à forte intensité de capital et importer des biens à forte intensité de main-d’œuvre.
Or l’étude de Leontief montrait le contraire : — les USA importaient des biens à forte intensité de capital. Ce résultat était paradoxal et semblait anéantir les théories suédoises.
Explication du paradoxe :
L’explication des économistes suédois était insuffisante car ceux-ci ne prenaient en compte que trois facteurs de production (Travail, Capital, Ressources naturelles) sans les nuancer.
Pour redonner une portée explicative aux théories suédoises, il faut admettre qu’en fait il n’existe pas 3 mais 5 facteurs de production :
- Le travail non qualifié
- Le travail qualifié
- Le capital (usines et équipements)
- La terre cultivable
- Les gisements miniers et pétrolifères
Le paradoxe de Leontief devient alors explicable : — c’est le travail qualifié qui est abondant aux USA par rapport au reste du monde. En fait, le capital n’a jamais été relativement abondant aux USA bien qu’en valeur absolue il ait été supérieur au reste du monde. Ceci explique donc le fait que les USA importaient des biens à forte intensité de capital (bois, chaussures, confection, cuir, automobiles, mobilier, jouets.) mais incorporant beaucoup de main-d’œuvre peu qualifiée. Ceci réconcilie un peu Léontief et les théoriciens suédois en redonnant une certaine portée à leurs théories.
Le paradoxe de Léontief a pour mérite de mettre en évidence le rôle essentiel de la qualification professionnelle dans l’explication de la configuration des échanges. En fait, les échanges de produits primaires sont largement déterminés par la localisation des ressources naturelles et l’importance de la main-d’œuvre non qualifiée dans certains pays. Au contraire, les pays industriels avancés sont riches en main-d’œuvre qualifiée par rapport au reste du monde — leurs exportations incorporent donc une forte proportion de travail qualifié tandis que leurs importations incorporent une forte proportion de travail non qualifié.
2 — Les échanges croisés
Les théories traditionnelles du commerce international ne parviennent pas à expliquer l’accroissement des échanges croisés de produits semblables depuis une cinquantaine d’années. Nous échangeons par exemple des automobiles contre d’autres automobiles, des produits électroniques contre d’autres produits électroniques, etc.… L’explication de ces échanges croisés peut se formuler brièvement de la manière suivante.
Tout d’abord, un pays peut se constituer un avantage comparatif grâce à l’existence d’une demande intérieure importante permettant de réaliser une production sur une grande échelle donc de réduire les coûts. Par ailleurs, le goût des consommateurs peut se porter vers des produits étrangers notamment lorsque ceux-ci sont de meilleure qualité ou lorsqu’il s’agit de biens fortement substituables. Ensuite, une branche peut-être globalement déficitaire dans un pays tout en possédant des firmes compétitives dont certaines seront exportatrices.
3 – Les avantages comparatifs peuvent être remis en cause
N’oublions pas que le modèle de Ricardo raisonne de manière ultra-simplifiée (2 pays, 2 biens).
– Les pays peuvent prendre des mesures protectionnistes qui remettent en cause les débouchés des produits étrangers sur le sol national.
– Les théories classiques raisonnent en termes réels, on parle d’heures de travail mais pas de monnaie — or l’introduction de la monnaie peut modifier la nature des échanges (taux de change variables, etc..).
– Les théories classiques raisonnent de manière intemporelle en ignorant les problèmes que posent les transformations des structures productives.
Par ailleurs, les modèles classiques raisonnent comme si les coûts de transport étaient nuls et ne modifiaient pas les données relatives à l’échange, et comme si les firmes ne délocalisaient pas leur production.
Soulignons enfin que de nombreux pays (pays en voie de développement surtout) ne parviennent pas ou mal à s’intégrer dans le commerce international.
80 % des échanges mondiaux sont des échanges Nord — Nord entre les pays de la triade (Union Européenne, Associations de Libre-échange Nord-Américaine, et pays asiatiques à économie de marché).
Le commerce international se caractérise par des relations de domination financière et commerciale, ne l’oublions pas.
je veux de la documentation sur l’ouverture commerciale, les mesures et ces inpacts sur le marché du travail et surtout la segmentation de ce dernier, merci