Les principaux pôles de croissance dans le monde – Analyses du sous développement

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B : l’analyse marxiste

 Dans ses grandes lignes, l’analyse marxiste ne désavoue pas l’analyse moderniste. Elle s’efforce cependant d’aller plus loin et de montrer que les trois caractéristiques structurelles mises en évidence par l’analyse moderniste ne sont pas indépendantes l’une de l’autre.

Pour les tenants de l’analyse marxiste, le sous-développement doit être analysé d’une part comme un phénomène de dépendance des pays en voie de développement vis-à-vis des pays développés et d’autre part comme un phénomène historiquement daté qui a pris naissance avec le colonialisme.
L’analyse marxiste met l’accent sur un certain nombre d’éléments :

L’analyse marxiste estime que le dualisme n’est qu’une apparence et que, en réalité, le secteur qualifié de « moderne » repose sur le secteur qualifié de « traditionnel ». Il s’agit de ce que l’on appelle « l’inégalité des termes de l’échange ».

 Les pays sous-développés sont de plus en plus intégrés au marché mondial. Ils y jouent un rôle essentiel en raison du bas prix de la main-d’oeuvre. La main-d’oeuvre locale et payer à la limite de la subsistance et, du même coup, le surplus que pourrait faire naître le travail de la main-d’oeuvre locale est ristourné, pour une part aux propriétaires du capital sous forme de profits plus élevés et pour une autre part aux consommateurs des pays développés sous forme de bas prix de vente.

En clair, les travailleurs des pays en voie de développement sont incapables, avec leurs salaires de misère, d’acheter plus que le strict minimum vital et ne fournissent ainsi donc aucun débouché intéressant pour une industrie locale

. Pour l’analyse marxiste, les bas salaires sont donc une forme de pillage international dans la mesure où le surplus est transféré à d’autres qu’à ceux qui produisent et dans la mesure où cela provoque un blocage à toute forme d’autodéveloppement.

– Le rôle de la bourgeoisie locale :
Pour les marxistes, cette bourgeoisie locale a donc intérêt à ce que le chômage, source de bas salaires, se maintienne, puisque sa richesse et ses privilèges en dépendent. C’est ainsi que, dans la plupart des pays du tiers-monde, règne une inégalité beaucoup plus grande que chez nous. Pour les marxistes, le dualisme qui frappe tant les observateurs n’en est pas un : ce sont les différentes facettes d’une même réalité, celle de l’exploitation des forces de travail d’une main-d’oeuvre prolétarienne.

©Avec l’aimable autorisation d’ Alternatives Economiques Déchiffrer l’economie Ouvrage de Denis Clerc

 

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